La malterie

La malterie

Située près du château, de la motte féodale et de l’emplacement de la première église d’Aix-Noulette, la malterie est le témoin du passé brassicole de la commune
d’Aix-Noulette. Fermée en 1986, elle fut reprise 20 ans plus tard par la municipalité qui engagea des travaux de rénovation. C’est son histoire que nous vous invitons à
redécouvrir.

Les origines

En 1760, le rôle des Vingtièmes indique que le château de l’époque est la propriété du Chevalier de Compiègne. Il appartient ensuite à la famille de Beaulaincourt qui y habite. Louis Ange de Beaulaincourt a le titre de comte.

Le cadastre napoléonien montre différents « quartiers » rassemblés sur une seule parcelle (à l’angle des actuelles rues de Boyeffles et des Marronniers), sur laquelle figurent des constructions, probablement des dépendances du château de la famille de Beaulaincourt situées sur la parcelle voisine. Les petites maisons agricoles en torchis et chaume n’ont pas résisté au temps.

Vers 1841, le château est rénové et « une dépendance » est construite sur des fondations plus anciennes, au regard des caves existantes sur deux niveaux à certains
endroits et d’un puits de plus de 70 mètres de profondeur encore visible aujourd’hui.

Vers 1870, Louis-Charles Ange de Beaulaincourt installe dans cette dépendance une distillerie . Mais neuf ans plus, sans doute pour des raisons d’imposition, il est obligé de la démolir ou de démanteler ses alambics et bouilleurs (enregistrement dans la matrice cadastrale en 1879).

Certains disent qu’on a fabriqué dans ces caves du genièvre et également de l’alcool à base de pommes de terre. Les mannes étaient descendues sur une partie en pente à l’aide de rails facilitant leur descente.

Vers 1880 Anatole de La Forge, le nouveau propriétaire époux d’Alexandrine de Beaulaincourt conserve les lieux en l’état. À son décès, faute de successeur, les biens sont vendus.

L’épopée Brasme

L’activité de la brasserie-malterie installée rue de Béthune avait pris une telle ampleur que son propriétaire Floride Brasme décida d’acheter la totalité de la propriété, château et dépendance, à la fin du 19ème siècle ou tout début du 20ème. En 1892, Il fait ériger sur les fondations de la distillerie désaffectée, une maison de concierge et une malterie, conservant ainsi les caves et, peut–être, la pièce de
séchage, afin d’alimenter sa brasserie en malt.

À la fin du 19ème siècle, la malterie employait un contremaître et deux ouvriers payés 4 francs par jour. En 1922, elle employait un directeur, neuf ouvriers, six pour la malterie et trois pour la coopérative vinicole. Sa production était de 150 tonnes de malt. Le travail à la touraille à des températures de 40° à 45° y était pénible.

Cette intense activité sera interrompue durant la guerre 14 -18 car la malterie fut transformée en poste de secours. Les sous-sols servaient de salles d’opération et de dortoirs. Les rails qui permettaient de descendre les « mannes » servirent en 1914- 1918 à amener les civières des blessés à l’infirmerie installée dans le grand germoir.

Après la Première Guerre Mondiale, la malterie fut modernisée ; elle fonctionnera tous les jours, d’octobre à avril. Le chef malteur Louis Decoupigny, dit Louis ch’malteux, habitait avec sa famille la petite maison voisine. Durant l’été, des variations trop à la hausse des températures ne permettaient pas l’obtention d’un malt de qualité.

Les lois de 1936 améliorèrent la vie des ouvriers mais entrainèrent des surcoûts de production qui conduisirent à la fermeture de la malterie. Après 1936, les vastes salles servirent à stocker les marchandises pour le commerce des vins et spiritueux jusqu’à la fermeture de la Brasserie en 1986 après plus de 150 ans d’activité, trois générations « Brasme » : Floride Brasme, Marcel Brasme et François Brasme. À sa fermeture, un cinquième de la population active d’Aix-Noulette y travaillait, autant pour Bully-les-Mines et plus de cent personnes à l’extérieur, alimentant également tout un
réseau d’estaminets.

La girouette

Le cône de ventilation au sommet de la touraille de maltage est surmonté d’une girouette, non pour indiquer le sens du vent mais pour orienter dans la bonne direction le cône et faciliter la sortie rapide des gaz.

Cette girouette visible de loin représente Éole, le dieu du vent soufflant dans une longue trompette. Ses grandes ailes lui donne une meilleure prise au vent. Un balancier arrière avec contrepoids assure un bon équilibre et facilite la rotation de la girouette donc du cône.

Celle que l’on voit aujourd’hui a remplacé la précédente, emportée au cours d’une violente tempête en 1974. Pesant 285 kilos et mesurant 1,70 mètre, elle a été reproduite à l’identique en 2014 par l’entreprise Poulet, artisan ferronnier à Aix-Noulette

Une nouvelle vie

Les bâtiments étaient construits en briques avec des grosses pierres en craie blanche. Les caves étaient voûtées ; La toiture était couverte de tuiles.

Entièrement restaurée et inaugurée le 7 décembre 2018, la malterie dispose aujourd’hui d’une salle de 222 m2 en sous-sol aménagée pour des fêtes familiales ou des expositions (salle des colonnes) et une salle en entresol de 211 m2 avec miroir et parquet pour le yoga, la danse et les sports au sol. Elle héberge également le Relais Petite Enfance.

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