L’église Saint-Germain
« Les Allemands ont bombardé le village toute la journée. C’était le 3 mars 1915.
L’église a été particulièrement visée, elle a été atteinte. Le 5 mars, l’église a été tellement abîmée qu’elle paraît inutilisable. Un obus est tombé à l’entrée, démolissant la pointe du mur, crevant la toiture et la voûte » témoignage du chanoine Henry, aumônier divisionnaire du 21e Corps d’Armée.
Quelques mois plus tard, un poilu nommé Barbe, de Seine-et-Marne, au recto d’une carte postale représentant l’église en partie détruite, griffonne ces quelques mots au crayon de bois : « Etant un repaire pour l’artillerie ennemie le clocher fut abattu il y a trois semaine par notre génie ». Floride Théry, dans son ouvrage consacré à l’Eglise Saint-Germain d’Aix-Noulette, ajoute : « le clocher en charpente de bois fut incendié et « Caroline », la grosse cloche, tomba et fondit dans le brasier ».
Dans le livre d’or d’Aix-Noulette, l’abbé Léon Dubois, curé de la paroisse de 1928 à 1973, a écrit : « De Noulette, il ne restera rien. Aix a été un peu moins touché, mais la plupart des maisons ont été détruites. En mai 1915, c’était l’incendie de l’église… Puis, jour après jour, obus par obus, ce fut la destruction à peu près complète ».
La commune située sur la ligne de front de 1914 à 1918, eut tant à souffrir des orages de feu et d’acier qui ont déchiré le ciel d’Artois et se sont abattus sur cette terre martyre, qu’elle fut citée à l’ordre de l’Armée, et obtient la Croix de Guerre (J.O. du 28 septembre 1920) : « Bombardée par canons et par avions a fait preuve d’une suprême vaillance et d’une patriotique fermeté, malgré le nombre élevé des victimes dans sa population et les dommages qu’elle a subis : a bien mérité de la Nation »
Après le désastre de la guerre vient le temps de la reconstruction. L’église fut classée monument historique en 1920, l’église restaurée surgit bientôt des ruines de celle qui l’avait précédée, et qui fut elle-même reconstruite et agrandie au XVIe siècle à l’initiative des puissants seigneurs d’Aix, Gilles de Lens et Marie de Habarcq, suivant les plans de l’architecte Jacques Le Caron, également bâtisseur du beffroi d’Arras.
En 1927, cinq années après l’inauguration du monuments aux morts, l’église est rendu au culte. A l’imposant clocher roman sont mariées trois nefs en pierre de pays conférant à l’édifice l’aspect d’une « église-halle », l’ensemble offrant au regard à la fois l’élégance du style ogival gothique et la puissance de l’architecture romane.
Avec ses remarquables vitraux de styles « Art déco », posés entre 1929 et 1932, restaurés de 1991 à 1993, l’église Saint-Germain est, au dire de Patrick Wintrebert, ancien conservateur des antiquités et objets d’art du département du Pas-de-Calais, « un des plus beaux fleurons de l’architecture flamboyante que nous ayons dans la région ».


